Le territoire de la métropole dijonnaise a été façonné par une longue et prestigieuse histoire viticole, en partie héritée des ducs de Bourgogne. Aujourd'hui encore, les rues, les monuments et les paysages en portent la trace, bien vivante. L'ambition viticole, sur le territoire de Dijon métropole, se conjugue plus que jamais au présent. La renaissance du vignoble dijonnais s'appuie sur deux leviers majeurs : l'acquisition de terrains pour y cultiver des vignes et l'ambition d'obtenir l'appellation "côte de Dijon".
L’histoire de Dijon, cité des ducs, située au départ de la route des grands crus, est étroitement liée à celle des grands vins de Bourgogne.
La présence de la vigne dans cette région est attestée dès le premier siècle après J.C. Au VIème siècle, Grégoire de Tours décrit la cité dijonnaise dominée par "des montagnes très fertiles couvertes de vignes". Ces coteaux portent le nom de lieux-dits aujourd'hui bien présents dans la toponymie urbaine : les Marcs d'Or, les Echaillons, en Pisse-Vin, en Montrecul, les Poussots.
Au XIVe siècle, la capitale des ducs de Bourgogne possède son propre vignoble, cultivé sur les coteaux de Dijon, Chenôve et Marsannay-la-Côte. L’architecture et le paysage ont gardé la trace de cette histoire viticole marquée par l'influence des ducs de Bourgogne. En 1395, Philippe le Hardi, duc Valois de Bourgogne, prend une mesure radicale : il impose le pinot noir sur le territoire, et exclut le gamay et les autres cépages. Cette décision influence encore aujourd'hui la typicité et le goût des vins bourguignons...
Des crus comparables aux Meursault
Grâce à l'influence des ducs, la réputation de ces vins dépasse largement les frontières du royaume. Du XIVe au XVIIIe siècle, certains crus dijonnais sont renommés en France et à l'étranger, pour leur potentiel de garde. Quelques « têtes de cuvée » sortent du lot. Les crus des Marcs-d'Or, des Champs-Perdrix et des hameaux de Larrey rappellent par leur finesse, leur vivacité et leur noblesse les grands vins blancs de Meursault.
On dénombre alors plus de 300 vignerons et environ 1600 hectares de vignes couvrent le territoire de l'actuelle Dijon Métropole. Les Bourroches, En Montre-Cul, les Valendons, Tire-Pesseau, les Perrières, les Marcs d'Or : tous ces lieux dijonnais ont leurs parcelles et leurs productions spécifiques.
Bans des vendanges de l'arrondissement de Dijon du 2 octobre 1813
XIXe et XXe siècles : fin de l'âge d'or
À partir de 1875, le phylloxéra, petit insecte ravageur pour la vigne, réduit drastiquement la production et la surface des vignobles du territoire. L'arrivée du chemin de fer et l'expansion urbaine diminuent à leur tour la surface du vignoble de la côte dijonnaise.
La renaissance du vignoble
Aujourd'hui, le retour du vignoble constitue un enjeu majeur pour la métropole dijonnaise. La côte de Dijon a entamé sa renaissance grâce aux vins produits par le domaine de La Cras (propriété de Dijon Métropole), aux Marcs-d'Or et dans plusieurs communes de l'agglomération (Chenôve, Daix, Marsannay-la-Côte, Plombières-lès-Dijon, Talant).
L'inscription des Climats du vignoble de Bourgogne au patrimoine mondial de l'Unesco et l'ouverture prochaine de la Cité internationale de la gastronomie et du vin, située au premier kilomètre de la Route des grands crus, renforcent l'importance de la vigne et du vin pour Dijon Métropole, pleinement ancrée en terre bourguignonne, au coeur d'un terroir mondialement connu.
Dijon, côté vignes, mise à l'honneur sur France 2
La renaissance du vignoble dijonnais fait parler d'elle, bien au-delà de la Bourgogne Franche-Comté. La chaîne nationale France 2 a consacré un large dossier lundi 9 mai 2016 à l'histoire et aux ambitions viticoles de la capitale régionale. Entre l'inscription des Climats du vignoble de Bourgogne au patrimoine mondial de l'Unesco, la future Cité internationale de la gastronomie et du vin et la plantation de nouvelles vignes, Dijon porte haut son identité viticole !
En partenariat avec la Chambre d'agriculture de Côte d'Or, la Métropole dijonnaise a identifié sur son territoire 300 hectares de zones référencées en AOC Bourgogne (appellation d'origine contrôlée Bourgogne), dont une partie pourrait, à l'avenir, constituer de nouvelles terres viticoles pour la Métropole. Lorsqu'on y ajoute le vignoble de Marsannay-la-Côte, qui possède sa propre appellation, la surface atteint un total de 600 hectares.
Le domaine de La Cras
En novembre 2013, Dijon Métropole rachète le domaine de La Cras. À cheval sur les communes de Dijon, Plombières-lès-Dijon et Corcelles-les-Monts, ce territoire se situe à la charnière des espaces naturels préservés de la Combe à la Serpent et du Mont Afrique. Ce domaine de 160 hectares se compose de vignes et de terres agricoles.
Quelque 8 hectares de ceps de vignes s'y alignent, plantés à partir de 1983 par un agriculteur passionné de viticulture. Depuis quelques année, plus que jamais, les coteaux de Dijon se réveillent. L'acquisition du domaine de La Cras par Dijon Métropole marque la réconciliation entre la ville et la vigne.
Dijon Métropole a confié la gestion du domaine viticole à la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or, qui en a elle-même confié l'exploitation au viticulteur Marc Soyard. Ce dernier a fait ses armes au sein du domaine Jean-Yves Bizot à Vosne-Romanée. Le viticulteur bichonne le vignoble de La Cras composé de 3 hectares en chardonnay, 5 hectares en pinot noir, en zone AOC Bourgogne. Environ 20 000 bouteilles sont produites chaque année, dont 2 000 sont réservées à Dijon métropole.
La collectivité ambitionne d'étendre le vignoble de La Cras dans les prochaines années. Il reste encore une cinquantaine d'hectares, classés en zone AOC, potentiellement cultivables sur le domaine de La Cras.
Les vendanges citoyennes au domaine de la Cras)
Alignement de tonneaux au domaine de la Cras
a cuverie pendant les vendanges citoyennes au domaine de la Cras
De nouvelles vignes plantées à la Rente Giron
Une parcelle de 4 hectares, appartenant à la ville de Dijon, a été identifiée dans le secteur de la Rente Giron. Quatre viticulteurs ont été retenus pour planter les nouveaux ceps de vignes, sur environ 1 hectare chacun. Issus de grands domaines – le domaine Guillon et Fils, de Gevrey-Chambertin ; le domaine Clos Saint-Louis, de Fixin ; le domaine du Vieux Collège à Marsannay-la-Côte ; et le domaine Chantal Lescure, de Nuits-Saint-Georges – tous s'engagent à mettre en place des pratiques viticoles respectueuses de l'environnement. Les plantations de pinot noir et de chardonnay ont débuté au printemps 2017. Pour la dégustation des premières cuvées, il faut compter un minimum de quatre ans. Pour des vins plus matures, une dizaine d'années seront nécessaires.
À cela s'ajoutent les petites parcelles situées dans le secteur des Marcs d'Or, nom évocateur de vignobles aux couleurs mordorées, louées par la ville et exploitées par la famille Derey.
Conserver les cépages anciens
Un conservatoire du pinot noir et du chardonnay a été planté sur le site de La Cras. Il est placé sous l'égide et l'expertise de l'Association technique viticole de Bourgogne (ATVB), en partenariat avec la chambre d'agriculture de Côte d'Or, l'INRA, le Jardin des sciences et la Métropole. Il va permettre, notamment, d'identifier les plants "sources" à l'origine des vignobles, afin de créer une sorte de "banque génétique" des lignées de vignes en pinot noir et en chardonnay. À moyen terme, cela permettra de définir les plants de vigne les plus adaptés aux changements climatiques.
Inventer la vigne de demain
Dans le secteur de la Rente Giron, l'Association technique viticole de Bourgogne mènera, sur près de quatre nouveaux hectares de vignes, un travail à mi-chemin entre l'agronomie, la science et la viticulture. Ces expérimentations portent sur la culture de vigne-mère de greffons, avec un objectif central : faire émerger les vignes du futur.
Ambition "côte de Dijon"
Ces nouveaux hectares de vignes sur le territoire de la Rente Giron sont, avec le vignoble de La Cras, le point de départ d'une ambition forte. Celle de candidater auprès de l'Inao (Institut national de l'origine et de la qualité) pour obtenir une appellation Côte de Dijon. Elle rejoindrait ainsi, sur la route des grands crus, les prestigieuses Côte de Nuits et Côte de Beaune.
Les communes viticoles de la métropole
Au Nord de la Côte de Nuits, sur la route des grands crus, Marsannay-la-Côte et Chenôve produisent des vins rouges, rosés et blancs, sous l'appellation AOC village Marsannay. Respectivement 300 hectares et 65 hectares de vignes sont cultivés dans les communes de Marsannay-la-Côte et de Chenôve.
Il existe aussi des vignes à Daix, Plombières-lès-Dijon ou encore à Talant.
Vigne et vin en plein cœur de la métropole
La vigne et le vin ne sont pas seulement présents sur les terres viticoles, dans la Métropole dijonnaise. Au coeur même de la ville de Dijon, la
Cité internationale de la gastronomie et du vin jouera bientôt un rôle moteur sur la thématique viti-vinicole. Les visiteurs et les habitants pourront y découvrir, notamment une exposition permanente sur les Climats du vignoble de Bourgogne, on y trouvera également des formations dédiées à l’œnologie et aux métiers du vin.
En arrivant depuis la gare, un parcours piétonnier "De la terre à l'assiette" permettra aux visiteurs traversant le Jardin des sciences, de découvrir un avant-goût savoureux et instructif avant même d'avoir rejoint la Cité. Les vignes y tiendront une place particulière. Des cépages de la côte de Dijon, des cépages anciens et actuels de Bourgogne, mais aussi des cépages du monde entier permettront de découvrir le passionnant monde de la vigne, son histoire et ses enjeux actuels.
Dans le centre historique de Dijon, classé patrimoine de l'Unesco, un autre projet se précise, en écho à l'arrivée de la Cité de la gastronomie et du vin : des lignes de vignes et des cassissiers vont être plantés aux abords des musées de la ville de Dijon. Ces plantations marquent symboliquement la présence historique, aujourd'hui revivifiée, de la vigne et du vin sur le territoire.